J’ai cherché à représenter une image assez mystérieuse reliant différents paysages ou éléments de paysage : deux montages abruptes et enneigées, des collines et un coucher de soleil et la lune. Cela devient comme un dessin étrange, à la fois géométrique, figuratif et abstrait.
La technique de la linogravure a été contraignante par l’impossibilité de faire beaucoup de détails, ainsi que dans la maîtrise de l’encrage que j'ai expérimenté au fur et à mesure des tirages. Certains étaient saturés d’encre et je ne m’attendais pas à des effets de matière qui cachaient tous les détails. J’ai donc choisi une variation de netteté, de perception, un peu comme on regarde un paysage plus ou moins distinctement. Ou aussi quand on s’en souvient, l’image mentale est plus moins précise et peut s’effacer, s’estomper.
En expérimentant la presse à gravure, l’encrage d’une espèce de grillage m’a intéressé, comme une base de dessin. Et petit à petit, mon image apparaît et la présence de la grille s’estompe. Ma présentation de la série jouerait sur cette évolution du trouble au net, du haut vers le bas.
La présentation dans cette ambiance sombre et lugubre n’est pas choisie au hasard. En effet cette série est présentée dans une pièce entièrement noire, l'ensemble des gravures est posé au sol avec une seule lampe qui se balance au dessus, pour donner cette impression de mystère et immerger le spectateur dans ambiance assez pesante.