"Il faisait encore très clair pour un jour d’automne, et tout aussi étonnamment chaud. Chacun s’activait et vaguait à ses occupations. Les amis de l’enfant jonchaient le sol à ras des feuilles comme un tapis velouté se voulant une couche de dorures pour cacher la misère du naturel des temps. Les autres y voyaient la brume, lui entendait leurs cris, leurs chants, leurs murmures.
Le son tonitruant du gong de début de soirée arracha un bourdonnement phénoménal et surprenant, résonnant si loin en étant si proche des oreilles qui l’attendaient. On y remarque une cassure, dans le son comme dans le métal alors que les quelques discussions timides cessent. Le silence est demandé à tous : à titre d’honneurs aux morts, un encouragement sans vivacité pour les autres qui, détruits, demeurent. L’exceptionnel retentissement s’estompant pour rejoindre le soleil derrière les montagnes, ne reste autour de l’autel qu’un vent mauvais et railleur de la condition des paysans constamment endeuillés. Le roulement du sable, le déplacement des galets et le craquement des graviers sous la semelle rigide. L’enfant est dans le grenier. Il nettoie la poussière, regarde les araignées et les nids d’oiseaux morts depuis des générations. Une plume suspendue par un fil invisible a arrêté sa course au milieu de rien ; pas un courant indiscret pour remettre la vie en marche. Sur une chaise à trois pieds, le garçon joue avec aisance à garder l’équilibre. La trappe du grenier s’ouvre alors que son aîné pénètre sous le toit mansardé. En un saut de loup il le rejoint et l’attire à lui. La chaise vacille sans un bruit alors que les deux s’agenouillent dans les bras l’un de l’autre. La corde pend de gauche à droite devant les deux derniers rayons de lumière ambre et son ombre suit mollement son mouvement projeté contre le mur. Avec un instant de latence, la plume décrochée de son fil engage lourdement sa chute.Moins d’une décennie plus tard, l’enfant perché en haut de la tour où il a élu domicile s’amuse. En tenue légère voire très justement qualifiée de libertine, il fume à son balcon tout en repeignant son visage sur son image. Les dentelles au vent, le sourire sur le corps et l’alcool pour sang, c’est plus merveilleux que jamais qu’il se décide à pousser les attentes des autres par dessus la rambarde. La plume décrochée de son fil engage lourdement sa chute. Toujours en cohabitation avec ses horreurs enfantines, il reviendra, mine de rien. Une valse effrénée pour éviter le regard des lumières qui le hantent toujours. Les messages de la brume s’effacent, les démons vivent pour leur hôte. Il aura troqué sa vie pour une Existence auprès de nous. Il est notre brume
.«Nous ne ployons pas sous les mêmes lois. 3.5- 花瀬 (Hanase), Chef du Clan, 神茨 (épine divine). Au plaisir de vous rencontrer.»
Sur une chaise à trois pieds, un sac de vide plein d’opportunités, à quoi on a coupé les mains, secoue sa caboche fracassée au dessus d’une feuille. La corde est trop haute, le mort se laisse peindre."